Cette réflexion, en lien avec les propos de Michel LIU sur le rapport non-violent, m’a amené à essayer de comprendre ainsi qu’à imaginer, l’efficacité de ce type de relation dans une société de plus en plus excluante et individualiste. Pourquoi la violence est la norme majoritaire ? Comment la remplacer ? À quels niveaux et sur quels leviers devons-nous nous concentrer pour que cette tendance sociétale s’inverse ?
Il faut repenser les schémas de compétitivité négative entre les individus, qui consistent toujours à tirer profit des inégalités sociales. Dès lors, si un intérêt mutuel et partagé à fonctionner d’une manière collaborative et solidaire, impose de fait une limite à la conflictualité, l’utilisation de la non-violence entre les deux parties devient une norme « rentable ».
L’amélioration de l’existence de l’autre devenant « notre intérêt », nous pouvons considérer que les clivages culturels, cultuels, ethniques, auraient tendance à devenir secondaires.
Cette normalisation comportementale pacifiste, à l’échelle du groupe (famille, communauté, quartier, ville, nation…) étant génératrice de compromis politiques relationnels, l’utilisation de systèmes sociétaux sophistiqués semble inévitable. Nous pouvons envisager, à ce moment, que la diminution des rapports agressifs se traduit par l’amélioration du contexte existentiel.
A ce stade, l’émergence d’un « bien commun » bénéfique à tous, réduit la plus-value d’une altérité dominante et vectrice de violence.
La non-violence des relations humaines est alors concevable uniquement dans un système où l’on se sent protégé et où le « bien commun » est l’intérêt de tous. C’est pourquoi il apparaît cohérent de souhaiter une manière de « vivre ensemble » qui dévalorise l’utilisation de la violence. Pour cela, il faut créer un espace-temps viable moins inégalitaire, qui réduit autant que possible les sources d’agressivité.
- Comment générer de nouveaux espoirs dans une société agressive dans laquelle de moins en moins d’individus se reconnaissent ?
- La notion de bien commun étant de plus en plus abandonnée face à la montée de l’individualisme, comment recréer un intérêt personnel et communautaire dans un fonctionnement sociétal de plus en plus clivant ?