La recherche-action est difficile parce qu’elle mêle recherche et action.
Elle est pratiquée par des acteurs qui sont impliqués, comme leur nom l’indique, dans des actions destinées à résoudre des problèmes par définition complexes. Ces acteurs réagissent avec leurs connaissances, leurs sensibilités, leurs rationalités ; avec leurs habitudes d’appréhender les situations et les personnes rencontrées.
Les rencontres de recherche sont donc les rencontres de toutes ces façons de faire, de toutes ces démarches de compréhension des phénomènes observés, de toutes ces manières d’analyser, de recourir à des analyses sociologiques, psychologiques, économiques, historiques, anthropologiques.
La cellule de recherche est un espace où se croisent ces différents acteurs et où ils échangent leurs pratiques, leurs réflexions sur ces pratiques ; ils partagent leurs analyses, leurs essais de compréhension des phénomènes observés, des situations vécues, leurs initiatives.
Le problème pour cette cellule de recherche est de mettre en place un espace propice à l’échange, au partage et aussi à l’élaboration, la création d’analyses communes nouvelles. On peut, peut-être, comparer cet espace à une auberge espagnole où chacun apporte quelque chose en vue du partage, mais en même temps avec l’objectif de créations d’actions renouvelées, de parcours de compréhensions renouvelées. C’est un espace de recherche parce que chaque acteur apporte ce qu’il sait, mais en même temps continue à s’interroger sur sa pratique, sur sa posture vis à vis de la complexité. Chacun doute et n’est sûr de rien, il s’interroge. Chacun pour soi et collectivement cultive le doute épistémologique, « que le doute soit un mol oreiller pour une tête bien faite … » (Montaigne). C’est le doute de Copernic, qui, tout à coup, avec les observations qu’il a faites, affirme que c’est la terre qui tourne autour du soleil.
Ainsi, les acteurs-chercheurs de la cellule de recherche, vont ensemble, du fait de leurs échanges, approfondir certaines situations, mieux les comprendre et être à même de développer des capacités d’action plus pertinentes.
Concrètement, et c’est déjà commencé, chacun peut mettre sur le site de CEDREA ses écrits, ses réflexions, ses interrogations. Il serait intéressant, comme il en a déjà été question, de définir pour un temps, un thème de recherche, c’est à dire d’interrogation, de réflexion, de « revisitation », que ce soit l’échange, la non- violence.. ; par ailleurs mettre en place une action, en l’occurrence, comme celle décidée par le groupe de recherche, « la caravane de la gratuité [1] ».
Pour faciliter la réflexion commune, et compte tenu de la charge de travail de chacun, il serait intéressant que chacun prenne un temps chaque semaine pour porter une attention particulière à une situation rencontrée dans la semaine. Se remémorer les détails de cette situation, décrire précisément ce qu’il s’est passé, les acteurs, les échanges ou non…, puis se demander ce que je retiens de cette séquence de vie, quelles questions me sont venues à l’esprit, quel a été mon rôle, observateur, intervenant… Tout ceci pouvant être inscrit dans un journal personnel par exemple.
Lors de séances du labo, de la cellule de recherche, il pourrait être consacré un temps, une heure par exemple, pour une mise en commun de ces observations et une première analyse. Ce travail pourrait se faire en petits groupes, 3 ou 4 personnes, pour dégager les caractéristiques communes ou non, de ces situations observées et les interrogations collectives sur ces situations, eu égard au fil rouge de recherche retenu par la cellule de recherche. A l’issue de ce travail en petits groupes, il y aurait, bien sûr, une mise en commun des travaux des petits groupes, et en particulier une mutualisation des questionnements ; les uns et les autres partageraient leurs lectures « savantes » de sociologie, d’économie, de psychologie, d’histoire, de droit, d’anthropologie sur le thème de recherche retenu.
Le dernier tiers de la réunion de la cellule de recherche serait consacré à l’action mise en place « la caravane de la gratuité », il s’agira de repérer les différents acteurs, leurs relations, leurs réactions, leurs propositions ; ce qui s’est passé ou n’a pas eu lieu…
Après chacune des réunions, il s’agit, bien sûr, de rédiger un écrit de synthèse sur les travaux du groupe, afin de constituer une mémoire collective du groupe de recherche et de repérer la progression de la recherche entreprise.
Dans un premier temps, l’élaboration d’une problématique, puis au fur et à mesure du déroulement de la recherche-action, la mise à jour de nouvelles compréhensions, de nouvelles connaissances sur l’objet de la recherche.
[1] Il s’agit d’une adaptation de la caravane de la gratuité qui a déjà été déployée dans un autre contexte, et avec des finalités différentes, dans le cadre d’une expérimentation mise en œuvre par l’association GratiLib (secteur Occitanie principalement).