Lors de la réunion du 29 Octobre 2020, nous avons continué à nous poser la question d’actions à mettre en place qui susciteraient une rupture avec le train/train des habitudes et généreraient de l’utopie.
Il s’agit de savoir comment faire naître l’idée de ces actions, puis comment ensuite les mettre en place avec les différentes personnes (groupes, individus..) du quartier. Quelque soient les actions choisies, il va s’agir de catalyser les talents divers et variés et de repérer les catalyseurs, les fédérateurs de talents. L’action retenue doit être portée par des acteurs, qui vont être en capacité de proposer des ateliers, des évènements… à d’autres.
Exemple : plusieurs personnes s’intéressent au vélo, ils savent bricoler un vélo, aiment faire du vélo…ils peuvent avoir le projet de proposer une camionnette, un atelier de réparation de vélos… Ensemble, ils vont devoir faire les plans de cet atelier petit ou grand, camionnette itinérante… organiser les échanges avec les demandeurs de réparations… Qui sont ces demandeurs de réparations, quelles sont leurs demandes… ? Qu’est-ce qu’on attend d’eux ? Comment transmettre ses talents, ses compétences ?
Élaborer un projet, repérer les étapes de sa réalisation. Qu’est ce que ces initiateurs du projet attendent d’un tel projet ? Avec qui en discutent-ils ? Avec qui et comment font-ils le point ?
Les éducateurs ont un rôle pivot car ils peuvent repérer les personnes intéressées par un projet ou un autre, aider à faire naître des projets qui sont latents, présents chez les jeunes et moins jeunes. Il pourrait ainsi émerger 4 ou 5 actions ludiques, il s’agira alors d’imaginer les formes qu’elles pourraient prendre.
Par exemple, pourquoi ne pas imaginer un ou des ateliers autour de tous ces moyens d’information, de culture, de communication que nous utilisons, téléphone portable, ordinateur, tablette… Par exemple un troc de connaissances entre des personnes qui savent se servir de ces drôles de machines et des personnes qui sont très handicapées avec ces machines mais qui ont des connaissances autres, par exemple, la photographie pourrait se mettre en place.
Autre idée, il serait peut-être possible de proposer des services, par exemple la peinture, la rénovation d’une pièce d’un logement. Ce service regrouperait des volontaires peintres néophytes et des retraités du bâtiment ; ces volontaires peintres pourraient bénéficier d’une formation de la part des retraités du bâtiment. Comment vont-ils ensemble élaborer ce projet « coup de main, coup de peinture »… Comment va s’effectuer l’échange avec les occupants du logement, comment ces occupants vont-ils participer ? Prendre le temps de construire cette « intervention », ce « coup de peinture » entre les différents acteurs afin que chacun participe, contribue à sa manière à l’opération. Chacun est acteur à sa manière et a un rôle dans l’histoire ; il y a circulation d’échanges, don contre don.
Chaque chantier sera différent parce que le croisement entre les acteurs sera spécifique, les lieux seront différents, les attentes des uns et des autres différentes… Cette mise en place de chaque chantier nécessitera une attention particulière de la part de chaque protagoniste, un état de création permanent.
La mise en place de tel ou tel projet, son fonctionnement sont importants, non seulement par le résultat, mai aussi dans le processus. Au cours du déroulement de l’ensemble de l’opération, les différents acteurs vont pouvoir développer des capacités, des potentiels et prendre ainsi de l’assurance.
Dans toute cette opération de gratuité, la place des éducateurs est centrale. Ils sont le noyau de l’opération. Ce sont eux qui sont en contact avec les jeunes, avec les différents habitants du quartier. Ce sont eux qui vont cheminer avec les uns et les autres depuis la conception du projet jusque dans sa réalisation.
Il serait nécessaire, me semble-t-il, de mettre en place un séminaire de formation d’accompagnateurs de projets, d’actions. Comment au fur et à mesure de la mise en place de l’action, de son déroulement, initier des stratégies et des processus de réflexion sur l’action en train de se faire. Chaque étape, nécessite une attention particulière ; et il est nécessaire d’apprendre, de prendre le plus grand soin à la mise en place de l’étape, à son déroulement ; de développer l’observation des différents acteurs ; de s’interroger sur sa place d’accompagnateur de projet, ses attitudes.
Ce séminaire serait centré sur l’action. Comment met-on en place une action, comment l’accompagne t-on, comment la poursuit-on, comment l’arrête-ton. Comment se situe-t-on par rapport aux différents acteurs et protagonistes du projet.
Comment l’action se construit en avançant dans le temps. Comment, au fur et à mesure, fait-on le point avec les acteurs du projet, avec d’autres personnes extérieures. Comment interroge-t-on les actes posés, l’environnement, les attitudes, les décisions prises par les uns et les autres.
Il est nécessaire de conduire une réflexion sur l’action elle-même, et ceci indépendamment de la recherche anthropologique sur les dynamiques du projet vis à vis de l’espace dans lequel il se déroule, et sur la gratuité.
16 Novembre 2020
Françoise Crézé