Ghislaine, je savais que depuis la mi-juin, vous étiez partiellement sortie du profond sommeil dans lequel vous étiez tombée suite à votre accident. Vous repreniez peu à peu conscience et je voulais vous écrire pour renouer le lien et vous donner à mon tour un peu de ce soutien que vous m’avez continuellement apporté.
Puis vient le 17 juillet 2017, un jour triste et brutal. Nous venions d’engager tout deux un dialogue imaginaire mais réel à propos de l’écriture de mon nouvel ouvrage. Je profitais de vos conseils, pour avancer dans ce travail, puis le téléphone sonne, je réponds, et à l’autre bout du fil une voix familière m’annonce : « Ghislaine vient de nous quitter ». Le moment est difficile … La voix est triste, le ton est grave, je comprend que mon interlocuteur retient ses larmes … Je suis sensible à cette tristesse qui à mon tour me gagne …
Pourtant à ce même moment, vous êtes présente dans mon esprit, vous êtes présente dans mon activité, j’entends vos conseils avisés, la sincérité de vos paroles, votre timbre de voix amical, l’intelligence de votre propos. Je me représente aussi clairement votre visage et je perçois distinctement cette posture corporelle qui vous caractérise et qui témoigne de votre attention profonde, qui souligne la qualité de votre écoute, sensible et accueillante, respectueuse de la parole qui s’énonce, toujours encourageante, toujours valorisante.
Vous avez été pour moi, Ghislaine, une pédagogue. Vous m’avez appris à écrire, vous m’avez accompagné patiemment, consciencieusement, sur le chemin de l’écriture et pour cela je vous remercie. Jamais dans le jugement, l’homogénéisation et la généralisation, vous étiez au contraire dans l’appréhension de la part singulière des événements et des personnes, dans une perception des spécificités et des différences. Vous aviez cette intelligence intuitive du respect de l’inconnu et de la différence.
Vous m’avez aidé à me transformer, vous m’avez encouragé à devenir celui que je voulais être, c’est-à- dire un acteur-chercheur, puis un auteur. En m’accompagnant tout au long de mon parcours de recherche et d’écriture, vous m’avez permis d’accoucher d’un autre moi-même. Vous m’avez aidé à grandir.
Votre présence, votre manière d’être, m’a permis de prendre conscience de ce que peut être l’altérité … notamment en observant votre façon de vous ouvrir à la réalité des autres, toujours attentive aux personnes rencontrées, toujours désireuse de nouer des liens réels et féconds entre les êtres qui vous entourent … J’ai aimé votre besoin de comprendre profondément les gens et les raisons qui les font agir, je vous ai toujours vu dans la compréhension, l’écoute, la présence empathique, la tolérance. Vous étiez riche de toutes ces qualités humaines.
Notre rencontre fut pour moi un cadeau du destin, un présent inestimable, et je vous garderai toujours présente dans mon travail et dans mon cœur.