La recherche-action est une démarche polyvalente. Véritable couteau suisse, elle est aujourd’hui intégrée, sous diverses formes, dans les actions en faveur de la protection de l’environnement.
Car le système homme / environnement naturel est un enchevêtrement de processus nombreux, complexes et interdépendants. Il se heurte de ce fait aux limites d’une approche experte, réductionniste et procédurale, opérant suivant le principe séquentiel modélisation → développement de techniques → application → évaluation, où chaque étape est dirigée et planifié par des experts (ingénieur, scientifique, cabinet de conseil, etc.).
Les erreurs apparaissent en fait dès la phase de modélisation. On se souvient à ce sujet des prévisions erronées du Club de Rome dans les années 1970 [1].
De même, les techniques proposées par les ingénieurs sont souvent coûteuses et complexes, teintées d’à priori techno-scientifique, et s’avèrent parfois plus polluantes, moins adaptées, que les anciennes. La prise en compte du concept d’énergie grise met ce fait en évidence : ce sont souvent les techniques rudimentaires (murs en paille, par exemple) qui s’avèrent les plus efficaces, dans le bilan énergétique du cycle de vie.
Quant aux phases d’application et d’évaluation, il n’est pas rare qu’elles se fassent au détriment des intérêts des populations concernées, ou sans que celles-ci ne soient consultées, entraînant parfois une destruction non anticipée des équilibres naturels et humains, ou une appréciation biaisée de la situation.
En intégrant tous les acteurs, leurs intérêts, leurs volontés, leurs savoir-faire et leurs capacités d’action et d’innovation, dans les différents processus ; en décloisonnant les différentes phases de l’action et de la recherche ; la recherche-action offre une alternative souple et efficace à l’approche « ingéniériste », en matière de protection de l’environnement.
La modélisation participative permet ainsi de synthétiser et de recueillir des informations qui peuvent échapper à des observateurs éloignés du terrain ou ayant une vision déformée de celui-ci. Elle assure une sélection et une évolution constructive des informations pertinentes au regard des processus de transformation de l’environnement, en intégrant la phase d’action à la phase de recherche.
Dans l’idéal, de nombreuses dimensions humaines et environnementales sont prises en compte dans un processus de décision et de réflexion démocratiques : respect des modes de chasse, cueillette et culture, considération des nuisances imposées aux riverains, prise en compte des équilibres environnementaux, etc.
C’est aussi dans cette prise en compte des multiples enjeux et intérêts des acteurs sociaux que la démarche de recherche-action permet une intégration des techniques dans des environnements sociaux complexes, et produit des connaissances théoriques et pratiques inédites sur celles-ci.
Sur le sujet, on pourra par exemple consulter :
- Innover avec les acteurs du monde rural : la recherche-action en partenariat
- Modifier le climat de la pauvreté sous le Changement Climatique en Afrique Sub-Saharienne : mettre en place les priorités et les stratégies d’adaptation au changement climatique avec les forêts
- Eco-quartiers et expérimentations écologiques en ville. Entre dynamiques participatives et logique des usages. Une étude comparative en France et en Catalogne.
- Le CREDI.
- Le site du projet Diobass, écologie et société.
- Réseau d’Education à l’Environnement en Bretagne. Voir en particulier la journée de valorisation de la recherche-action en Bretagne le 21 septembre à Océanopolis à Brest.
[1] Voir H. Le Bras, Les limites de la planète. Mythes de la nature et de la population, Flammarion, 1997.