Le 4 juillet, au 10ème Congrès de l’AIFRIS.
A l’IRTS Parmentier (Institut Régional du Travail Social) 145 avenue Parmentier – 75010 Paris (métro ligne 11 Goncourt)
Horaires : 14h.
L’APSAJ (Association de Prévention Spécialisée et d’Accompagnement des Jeunes) est le lieu d’une recherche-action inédite qui consiste à enraciner et développer un laboratoire de recherche au cœur même de l’association. Intitulé Lignes de crête, ce laboratoire se nourrit des principes fondamentaux de l’éducation populaire et de la prévention spécialisée. Il a pour objet l’émergence d’acteurs émancipés et émancipateurs, en mesure de produire et de diffuser de la connaissance à caractère scientifique au sein et au-delà des territoires sur lesquels l’association intervient.
Créé par Tahar Bouhouia [1], éducateur de rue et sociologue, il associe depuis 2019 plusieurs structures ayant des finalités et des statuts différents. Ainsi, le CEDREA est un collectif de chercheurs qui pratiquent et interrogent la recherche-action [2], tandis que CASMU [3] est une association socio-culturelle visant à dynamiser le quartier.
Cette diversité interroge les conditions dans lesquelles les connaissances scientifiques peuvent s’élaborer. Comment les produire et les diffuser au sein d’un collectif hétérogène ? Comment développer de nouvelles formes « d’accompagnement » et de mise en relation des personnes et des savoirs co-construits [4] ? Comment les finalités de la recherche peuvent-elles être partagées et intéresser un large public [5] ?
Les réponses que nous nous efforçons d’apporter à ces questions consistent à :
- intégrer la démarche de la recherche-action dans les activités menées au sein du laboratoire ;
- centrer le travail du laboratoire sur une thématique très prégnante sur ces territoires, celle de la spirale de la violence ;
- développer un outil convivial [6] qui réduit la distance entre acteurs et chercheurs.
Ainsi, une recherche-action portée par Lignes de crête et d’autres structures [7] s’appuie sur un espace de gratuité mobile, le Boomerang, circulant sur des territoires entre lesquels des jeunes sont en rivalité.
Cet outil convivial constitue un potentiel générant [8] sous plusieurs aspects :
- c’est un outil mobilisateur qui crée une communauté d’apprentissage pouvant se mobiliser autour de thèmes qui lui semblent importants ;
- c’est un outil révélateur, il dévoile des frontières, notamment d’origine institutionnelle, qui assignent des habitants et des jeunes dans des territoires atomisés et imperméables [9] ;
- c’est un outil transformateur, il valorise et étaye un lien coopératif et pacifique plutôt qu’un lien compétitif et violent ;
- c’est un outil réflexif, il permet d’interroger collectivement les représentations et les pratiques autour de la circulation des objets et des réseaux d’entraide.
Cette expérience suscite donc déjà nombre de pratiques et réflexions collectives. De plus, elle génère des résultats de recherche prometteurs, tant sur le fonctionnement de l’économie non-marchande que sur les relations entre les systèmes d’échange (au sens large) et les rapports fondés sur la violence.
Dans cette présentation, nous les exposerons brièvement et verrons comment elles apportent une réponse concrète à des problématiques qui intéressent le travail social, confirmant en cela la pertinence de la démarche que nous suivons au sein du laboratoire Lignes de crête.
Bibliographie
- Bouhouia Tahar,
- « Projet d’un laboratoire à l’APSAJ », CEDREA, 2019. En ligne : <https://cedrea.net/Projet-d-un-labo...> . Consulté le 10 janvier 2023.
- Assignation collective et socialisation d’attente. Le cas des harkis et des jeunes de cités, Paris, L’Harmattan, 2013.
- Crézé Françoise et Liu Michel, La recherche-action et les transformations sociales, Paris, L’Harmattan, 2006.
- Desroches Henri, Entreprendre d’apprendre : de l’autobiographie raisonnée aux projets d’une recherche-action, apprentissage 3, Paris, Éditions ouvrières, 1990.
- Grassineau Benjamin, « Projet de recherche-action sur le potentiel générant d’un espace de gratuité mobile dans des situations de déclassement et d’enfermement territorial et social. », Développement endogène et espaces de gratuité, 2020. En ligne : <https://edgmobile.hypotheses.org/43> .
- Illich Ivan, La convivialité, Paris, Seuil, 1973.
- Liu Michel, « Épistémologie de la démarche holistique », CEDREA, 2006. En ligne : <https://cedrea.net/IMG/pdf/epistemo...> . Consulté le 10 janvier 2023.
Sites internet à consulter
- APSAJ. <https://apsaj.com>
- CASMU. <https://www.facebook.com/casmurecords>
- CEDREA. <https://cedrea.net>
- Développement endogène et espaces de gratuité. Carnet de recherche autour d’une recherche-action participative sur le potentiel générant d’un espace de gratuité mobile dans le cadre d’une démarche de développement endogène (Paris XIXème et XVIIIème). <https://edgmobile.hypotheses.org>
- GratiLab. Laboratoire de recherche conviviale sur la culture libre, le DIY et la gratuité. <https://labo.nonmarchand.org> .
- Le Boomerang. Site de présentation de l’espace de gratuité mobile. <https://leboomerang.org>
[1] Cf. Bouhouia (2019).
[2] Cf. Crézé et Liu (2006).
[3] Collectif D’Animations Sportives Musicales Et Urbaines.
[4] Notre démarche s’inscrit à ce titre dans le sillage ouvert par les travaux de Desroches (1990).
[5] En dehors des domaines bien balisés dans lesquels la recherche collaborative prospère comme la botanique.
[6] Cf. Illich (1973).
[7] Cf. Grassineau (2020). Ex. GratiLab.
[8] Selon Liu (2006), « un potentiel générant est un élément moteur, capable de produire un mouvement, d’effectuer une transformation, d’induire un changement ».
[9] Cf. Bouhouia (2013).